Vis ma vie de bibliothécaire au Togo

Cette semaine j’ai fêté mes 4 mois de mission à la bibliothèque du collège Notre-Dame des Apôtres ! Alors quoi de mieux que de vous dire un peu plus ce que je fais ?

Tous les lundis matin j’assiste au rassemblement à 7h00 pour bien lancer la semaine.

Ensuite ma mission se divise en 5 activités principales :

1. Le rôle de bibliothécaire : tri, inventaire et cotes des livres allié à l’accueil des élèves.

Je vous en avais déjà un peu parlé lors de mon blog sur la rentée, je tente de ranger un peu plus les livres, en les regroupant par catégories tout en en profitant pour faire un peu de ménage car ici la poussière est la plus fidèle des compagnes. En ce moment je suis en train de ranger les manuels scolaires (par matière et par classe). Je fus surprise par leur nombre et aussi leur âge. En effet, les dates d’éditions que je retrouve le plus sont 1969, 1974,1988 et 1999… et ne vont jamais au-delà de 2012.

A cela s’ajoute l’accueil des élèves qui viennent soit travailler au calme, soit lire, soit emprunter des livres, ou simplement discuter un peu. A ma plus grande joie, il y a plus de lecteurs que ce qu’on m’avait laissé entendre au tout début de ma mission, et certains partagent avec moi leurs avis sur leurs lectures. Pour vous donner une idée voici quelques chiffres : je vois 10 à 20 lecteurs par jour franchir les portes de la bibliothèque, les plus assidus d’entre eux reviennent tous les 3-4 jours pour emprunter un nouveau livre (ils ont 2 semaines pour les lire), le nombre d’abonnés doit s’élever au alentours de 50-60 (avec en grande majorité des collégiens).

Une armoire intégralement consacrée aux manuels de mathématiques. Combien y-en-a-t-il ? 511 !

2. Le club de théâtre du lycée.

La première activité que j’ai mise en place avec les élèv

es fut le club de théâtre du lycée (début novembre). Pour cette activité je suis accompagnée par un professeur de français du lycée et ma collègue Jeanne, anciennement professeur de français et bibliothécaire. Ce club n’existerait pas sans mes 15 lycéens motivés et dynamiques ! Nous avons décidé de mettre en scène Le Malade imaginaire de Molière, et la représentation devrait avoir lieu avant les congés de Pâques soit avant le 8 avril (mais plus probablement début mars car avant les vacances les élèves sont en révision puis en composition de semestre). C’est donc chaque mercredi que nous nous retrouvons pour tenter de donner vie à ce texte de Molière. J’ai dans un premier temps rencontré quelques difficultés au niveau de l’absentéisme et de ma non-qualification dans ce domaine. Mais aujourd’hui je retrouve mes élèves plus déterminés que jamais et je me suis formée sur Internet pour les aider au mieux dans cette première expérience de « comédien ». Cette activité me plaît beaucoup, le sourire et la joie des élèves me confirment que ce club est vraiment une bonne idée.

3. Le « club culturel » pour les 6e-5e.

La deuxième chose qui m’a été demandée concernait les élèves de collège. C’est donc avec mes collègues professeurs de français au collège que nous avons décidé de créer ce club. Cette activité avec les 6e 5e vise à leur permettre de découvrir de nouvelles choses en rapport avec la culture et leur cours de français. Jusqu’à présent nous travaillons (1 heure par semaine) sur la poésie et plus particulièrement les fables de la Fontaine. Nous tentons la lecture expressive, cherchons les rimes, comptons les mètres, analysons la morale…

Ce travail n’étant pas dans leurs habitudes scolaires les intéresse beaucoup, surtout lorsqu’il faut passer au tableau pour souligner les rimes ou déclamer la fable… Nous avons également appris à chercher des mots dans le dictionnaire, et ils aiment particulièrement faire la course de celui qui trouvera le mot en 1er.

4. Et alors les 4e- 3e ? me diriez-vous

Mes précédentes activités avec les élèves avaient été annoncées lors des grands rassemblements du lundi matin afin que l’information passe bien pour tout le monde. Les 4-3e, ne se voyant proposer aucune activité, sont allés voir Jeanne (cf ma collègue qui m’aide pour le théâtre et avec qui je m’entends particulièrement bien) pour lui réclamer leur « club ». Jeanne est donc venue me voir pour m’annoncer qu’il fallait créer un second club de théâtre … pour les 4e-3e. Nous avons trouvé une pièce togolaise cette fois : Gaglo ou l’argent cette peste de Koffi Gomez. Ainsi le lundi suivant, nouvelle annonce au rassemblement, et cette fois c’était pour eux ! Après quelques incompréhensions sur le créneau qu’occuperait cette activité nous parvînmes (mi-décembre) à réunir 30 élèves (mais dont il n’en reste plus que 12 aujourd’hui, nombre parfait pour la pièce) pour monter cette pièce avant les congés de Pâques également. L’ambiance est différente de celle du lycée, ils sont beaucoup plus bruyants, plus vite déconcentrés et avec une maturité différente (ce qui est bien normal), mais cela me procure tout autant de satisfaction. Des étoiles brillent dans leurs yeux à l’idée de faire une représentation devant les parents et camarades de classe. Ils sont à la fois impressionnés et aussi excités par cette idée. Mais bon il y a encore du travail 😉

5. La surveillance des devoirs.

Une salle de classe type

Chaque vendredi à partir de 14h30 les élèves, quel que soit leur niveau, ont des devoirs surveillés. Ce sont les professeurs qui les surveillent. Je ne m’attendais pas à le faire car ma collègue de la bibliothèque, Joséphine, ne l’a jamais fait. Mais un vendredi, le censeur du lycée est venu me chercher: il manquait un surveillant, je l’ai donc dépanné… Depuis je ne suis plus épargnée. C’est pour moi une expérience assez surprenante : ils sont 50 à 60 par salle (sans mélanger les classes comme j’avais l’habitude au lycée), plutôt serrés à composer. Lors de l’épreuve de mathématiques je vois des calculatrices aller d’un rang à l’autre, normal 1 élèves sur 6 à 10 l’a apportée…

La façade du collège donne sur la cour du primaire, je me demande comment ils arrivent à se concentrer lorsque les cris et les jeux annoncent la récréation aux primaires. L’autre fois en 6e (classes au rez-de chaussée), nous entendions un élève de primaire réciter son chapelet, nous avons eu du mal à retenir nos rires.

Vue sur la récréation du primaire depuis d'une classe du collège.

2023 est arrivé et verra sûrement naître de nouveaux projets (comme la relance du journal de l’établissement en arrêt depuis une quinzaine d’année, ou l’organisation d’une fête en l’honneur des 70 ans de l’établissement…)

Mais comment vous parler de ma mission sans évoquer les sœurs qui m’accueillent. En effet le collège est tenu par les sœurs Notre Dame de l’Eglise. Avant les sœurs étaient professeurs, maintenant ce n’est plus le cas. Seulement 3 sœurs sur 7 travaillent dans l’établissement : il y en a une qui est directrice, une autre qui est « économe » et une troisième qui fait la catéchèse. Les autres travaillent à l’évêché. Elles m’ont tout de suite prise sous leur aile à mon arrivée et sont toujours pleine d’attention pour moi. Elles ont à cœur de me faire découvrir la culture togolaise, notamment à travers la cuisine locale ou l’explication de quelques mots éwé. C’est toujours avec plaisir que je les rejoins pour discuter lors du déjeuner.

Ma mission est donc une expérience très épanouissante et enrichissante. Je suis très heureuse de me rendre chaque jour à la bibliothèque, de rencontrer les élèves, de discuter avec les professeurs ou les sœurs, de vivre les différentes activités avec ces élèves motivés et dynamiques.

Souvenir d'une visite familiale à NDA et de l'accueil chaleureux de Sœur Kizito

Photo avec la sœur Eugène Kizito lorsque Eugénie et les sœurs de Saint jean nous ont visités.