Une touche de dépaysement...
- Hombeline
- 11 déc. 2022
- 5 min de lecture
Dernière mise à jour : 23 mars 2023
Après 11 semaines consécutives de cours, nous voyons arriver avec plaisir les congés de Noël qui se dérouleront du 24 décembre au 3 janvier.
Je vous avais déjà fait un post sur la rentrée où je croyais vous avoir tout raconté, mais ces 11 semaines ont été pleines de surprises.
Nous avons finalement reçu notre emploi du temps après 2 semaines de cours. Les horaires sont fixes donc nous arrivons et sortons toujours à la même heure. Cela donne 33h de cours par semaine, avec les mêmes matières qu’en France ; quelques changements d’appellation : ECM pour EMC (pas besoin de traduction 😉) PCT (physique-chimie-technologie) !

Pour moi, le grand changement est l’heure d’enseignement ménager ! heureusement que je savais qu’en réalité c’était couture ! J’attends toujours avec impatience ces cours. J’ai appris à faire 20 points différents tels que : jour en échelle, chaînette, jour simple…
Nous avons déjà cousu 2 modèles de jupes et ne me demandez pas de les porter, c’est un format poupée😉 !
En musique l’enseignement est aussi très différent par rapport à la France puisque je découvre le solfège et la pratique de la flûte à bec cela rappelle des souvenirs à papa et maman !! Depuis début novembre nous avons commencé à jouer les chants de Noël avec « Vive le Vent » et « les Anges dans nos campagnes ».


En dessin, nous faisons beaucoup de théorie (comment placer l’ombre, l’usage des couleurs …) il nous a même fourni « la technique pour faire de jolis dessins » en 11 points.
En sport, nous avons aussi un uniforme. Au collège la couleur varie selon les niveaux. Notre couleur est jaune et d’après mes copines, j’ai de la chance parce que comme je suis blanche, je ne ressemble pas à un tournesol !! Pour les primaires, la maîtresse a composé des équipes et chacune a sa couleur. Philibert est donc, à son plus grand bonheur en bleu.
J’ai été surprise de savoir que pour la discipline du lancer de poids, il faut faire son propre poids. Le prof n’ayant donné aucunes informations sur comment le fabriquer, je me suis dit que mes camarades sauraient faire. Je me suis grandement trompé, car lorsque je les ai interrogés, ils se demandaient eux aussi comment le faire. Finalement la meilleure des solutions était d’aller voir le prof. Après avoir acheté un ballon en plastique dur, il m’a dit d’acheter du ciment pour 200 FCFA, de le mouiller et d’ajouter sable et cailloux. Mais moi ne sachant pas où acheter le ciment dans cette quantité, je le lui demande en sous entendant que j’aimerai bien qu’il m’achète mon ciment. Et j’ai bien réussi car il m’a dit : « donne-moi 200FCFA et je t’achète du ciment ». Le lendemain j’avais mon ciment, il ne me restait plus qu’à le fabriquer. Avec l’aide de Papa, mon poids était prêt. Il ne restait plus qu’à le laisser sécher. Une semaine plus tard, le prof nous demande de ramener nos poids. Quand arrive la séance nous étions 11 sur 36 à avoir nos poids et sur les 11 certain n’avait été fait que la veille au soir ou le midi. Vous imaginez bien que lorsque nous avons commencé, ils ont explosé et sont devenus inutilisables. Heureusement le mien a bien tenu et mes coéquipiers étaient bien contents. 😉



Philibert a aussi un emploi du temps très précis qui lui permet de charger son cartable comme un collégien (il n’a pas de casier et transporte son dictionnaire tous les jours !). Histoire et Géographie sont regroupées sous l’appellation Sciences humaines.
A l’occasion d’un cours sur la combustion il a appris à fabriquer du charbon de bois qui est utilisé au Togo couramment pour cuisiner.
En français, il a dû rapidement intégrer les notions de COD, COI, la conjugaison présent, passé composé, imparfait, futur ainsi que de nouvelles notions tel que le passif du présent inconnu pour nous jusqu’à maintenant. Sans oublier les formules de politesse « Son Excellence, Je viens solliciter auprès de votre haute bienveillance… »

Ses cours d’ECM sont l’occasion (peut être plus pour la famille que pour lui) d’une découverte de la vie togolaise. En effet, il apprend les devoirs de l’enfants, l’organisation des villages …
En mathématiques, la résolution de problème est l’occasion pour lui de jongler avec des gros chiffres car rappelons le, 1 euro est égal à 650 FCFA. Vous l’imaginez donc bien on monte très vite dans les milliers.

A la fin de chaque mois, nous avons notre bulletin et un accusé de réception à remplir
par les parents, pour prouver à l’école que les parents ont bien vu le bulletin.
Pour Philibert ce bulletin fait suite à la semaine banalisée pour les contrôles (chaque matière même dessin fait l’objet d’un contrôle), pour moi, c’est plus ou moins surprise.
Au collège, suite à la distribution des bulletins, le directeur passe dans les classes et demande que toutes les personnes mécontentes de leur moyenne se lèvent. Puis il nous appelle un par un, nous redis notre moyenne et nous demande notre objectif du mois suivant. En progression évidemment. Même les personnes qui ont 17 ou 18 de moyenne doivent avoir un objectif au-delà. Cela commence à devenir compliqué !! Quant à Philibert, la maîtresse lui a demandé comment ses parents avaient accueilli son bulletin et s’est fâchée quand elle a appris que papa et maman étaient satisfaits du travail accompli ( avec 10/10 en maths difficile de faire mieux).

Cette semaine (du 5 au 9 décembre) nous avons eu nos compositions de fin de trimestre. Tous les jours j’avais 2 à 3 épreuves de 2 heures. Comme nous sommes dans une classe d’examen (comprenez année avec le Brevet), nous avons même dû composer en musique, dessin et couture.
Pour Philibert, les épreuves étaient plus courtes et réparties sur 3 jours.
Au niveau des méthodes pédagogiques, le bâton est encore utilisé, que ce soit pour les mauvais bulletins, la tenue scolaire incomplète tel que l’absence de cravate ou la chemise hors du pantalon, ou encore pour l’insolence et l’oubli de matériel. Rassurez vous, ni Philibert ni moi n’avons eu de coups.
Chez Philibert la maîtresse interdit de péter en classe, ils ont donc l’obligation de « sortir discrètement de la classe ».
Les autres élèves nous demandent souvent s’ils peuvent toucher nos cheveux ou bien certains passent discrètement et touchent rapidement notre bras… Des filles de sixième se sont même plaintes en disant : « pourquoi Dieu a-t-il créé les blancs et les noirs ! moi je veux des cheveux de blanches !!!» D’autres fois, on me demande si on me pince est ce que je rougis et certains font même le test.
Nous avons été très bien accueillis et avons maintenant un bon groupe d’amis. Même les professeurs ont dit à papa à la réunion parent/profs qu’ils avaient l’impression que je suis là depuis des années. Papa, Maman et les filles trouvent même que j’ai pris les expressions d’ici telles que : « et tout tout tout », « tu dis ? », « oh, Seigneur »et le « hein » si caractéristiques des togolais.
Certaines fois, nous avons été surpris par les habitudes des Togolais qui ont pu nous faire sortir de notre zone de confort mais c’est toujours avec joie que nous nous laissons dépayser.
La routine moto-école-dodo n'est pas prête de s'installer.
Merci beaucoup Hombeline, tes anecdotes sont truculentes ! (Il n’y a pas que la flûte qui me rappelle des souvenirs, les semaines de compositions aussi !). Bises à tous !
Je viens de découvrir ce merveilleux reportage d'Ombeline très précis sur ses cours à Lomé et ses relations et découvertes avec les us et coutumes du Togo, la découverte de l'autre avec interrogations.
Quant à la découverte des points de couture, moi aussi j'ai eu de l'art ménager au collège et j'avais même fait une robe de bébé avec le haut en smocks. Par contre lorsque ma fille était au collège l'art ménager était de manier les outils et l'électricité.
Aujourd'hui en France, je ne sais plus ce qu'apprennent les élèves au collège.
Merci aussi à Pétronille.
Bises
Hélène
Encore une fois merci pour ce récit ! C’est génial ! Merci de prendre le temps d’écrire pour nous raconter votre quotidien ! Nous sommes très heureux de savoir que vous avez une bande d’amis. Bises des cousin.