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RGPH : Kesako ?

  • Sophie
  • 21 janv. 2023
  • 5 min de lecture

Annoncé partout sur de grandes affiches, demandant de faire bon accueil aux agents enquêteurs, le recensement (Recensement Général de la Population et de l’Habitat) est devenu réalité ! Quand l’un des 10 671 ( !!) enquêteurs a sonné chez nous, j’ai cru pouvoir échapper au questionnaire, ... mais vivants plus de 6 mois au Togo, nous rentrions dans les critères pour être recensés ! Summum de l’intégration ?

Si aujourd’hui je vous parle de cette enquête qui a occupé 1 bonne heure de ma journée, c’est surtout car cela m’a permis de découvrir un peu plus ce pays devenu cher à notre cœur.

Les premières questions renvoient à notre état-civil, rien de très original quoique ! Notre lieu de naissance ne nous est pas demandé, par contre, il nous est demandé si nous avons un acte de naissance, de quelle ethnie nous sommes issus et quels dialectes nous parlons (il y a une vingtaine de propositions !) Nous sommes enregistrés comme togolais d’ethnie inconnue 😉

L’enquêtrice, intimidée d’interroger une « yovo », me laisse répondre pour chaque membre de notre famille présent au Togo. Xavier bénéficie donc de la question du nombre d’épouses : car même si la polygamie est officiellement interdite, elle reste une pratique (en décroissance car « les femmes coûtent cher ! et se rebiffent contre cette pratique depuis qu’elles vont à l’église » argument entendu de la bouche d’un togolais cultivé).

J’ai aussi à préciser si nos parents sont encore vivants, si tous nos enfants nés vivants sont encore vivants si nous avons des problèmes de peau (nous avons croisé un nombre important de personnes albinos), de vue, de compréhension, de parole …

La dernière question de ce premier chapitre m’a rappelé une réalité au Togo : « Avez-vous une assurance maladie ? ». Régulièrement à l’Envol, nous sommes confrontés à un manque d’examen/soins médicaux, car ils coûtent cher, tellement cher !


Deuxième Chapitre : l’habitat

Les premières questions concernent les matériaux de construction :

Les propositions pour les murs : ciment\torchis\bois\pierre\terre

Et pour les toitures :

tôle\ branches\ paille …

Ensuite, viennent les questions sur le nombre de pièces à vivre, de pièces supplémentaires (garage… cuisine, magasin, grange, …) mais pas de salle de bain (il n’est pas rare de voir les enfants être lavés dans une bassine dans la rue, ou des adultes se laver les dents !)


Les questions sur votre utilisation des toilettes - 3 schémas cohabitent, même à Lomé :

  • « Toilette avec cuvette » avec ou sans chasse d’eau

  • Latrine avec ou sans chasse d’eau : il y a des latrines publiques dans chaque quartier de Lomé …

  • La rue : l’envol, l’école et de nombreux endroits n’ont pas de toilette : les enfants se soulagent dans la cour …




C’est donc sans trop de surprise que je vois les questions sur l’eau arriver :


D'où provient l’eau que je bois et celle que j’utilise? Eh oui ! ce n’est pas la même eau. L’eau peut provenir :

a. De la régie (circuit d’eau officiel à priori propre)

b. D’un puit plus ou moins profond et que l’on remonte à la force des bras ou de machine

c. Du robinet public, nous croisons ainsi les femmes dans la rue portant de grandes bassines remplies pour les rapporter chez elles

d. Des poches d’eau.


Nous utilisons pour notre part, l’eau de 3 provenances différentes. Nous avons la chance d’avoir de l’eau aux robinets dans la maison qui provient d’un puit et que nous utilisons pour le ménage, la toilette ( la profondeur du puits est insuffisante pour assurer la potabilité). Dans la cour, nous avons accès à un robinet d’eau de « la Régie » que nous stockons dans des bidons (pour cuisiner et se laver les dents). Enfin nous achetons des poches d’eau pour boire.


Ensuite viennent les questions sur les eaux usées : puisard ou rue ? Dans la rue, les femmes jettent leurs seaux d’eau mousseuse, et si c’est l’eau de vaisselle, elles passent l’eau à travers une passoire pour récupérer les restes et les jeter ailleurs (voir § ordures)


Puis, voilà les questions sur l’équipement de la maison. Elles mettent en valeur une réalité togolaise loin de notre réalité européenne ! On questionne la télé, et l’ordinateur mais aussi la présence de ventilateur, ou de climatiseurs!

Mais le questionnement sur l’équipement de la cuisine est encore plus surprenant : on demande aux togolais s’ils ont :


· Une gazinière (la plupart cuisinent sur une feu portatif à charbon de bois)

· Micro-onde

· Réfrigérateur

· Congélateur

· Cafetière (alors qu’ils ne boivent pas de café ou du Nescafé !)

Par contre, le lave-vaisselle (que nous n’avons pas) ou le lave-linge (que nous avons) ne sont pas proposés ! Je n’ai pas d’explication, mais des pistes de réflexion

- Un certain nombre de foyers vivent sans électricité,

- Les coupures électriques sont courantes (quelques rares maisons ont un groupe électrogène pour pallier cela, pas nous. Samedi dernier nous avons une coupure pendant 6h)

- Les pressings sont très, très nombreux, avec repassage au fer à charbon de bois !

- Plusieurs togolais nous ont dit consacrer une journée par semaine à la lessive.


Puis les questions sur la présence (et le nombre) de :

  • Poules, même à Lomé, les poules courent dans les vons, marquées grâce à un ruban de couleur

  • Chèvres, oui oui, nous en croisons régulièrement, ainsi que des chevaux qui ne sont pas dénombrés 😉

  • Bovins, vous pourriez croiser des troupeaux, emmenés par les Peules depuis le Nord jusqu’à Lomé pour être vendu comme viande.

  • Coq dénombré séparément des poules 😊

  • Cailles

  • Escargot ?????? véridique !!! nous avons déjà plusieurs fois vu des escargots congelés à vendre 😉 sans imaginer qu’ils n’étaient pas de Bourgogne !

  • cobaye ????? toujours aussi véridique, un mystère à élucider !


Avant les questions plus classiques sur le transport … (qui fera peut-être l’objet d’un post un jour) arrivent les questions sur les déchets… enfin plutôt sur leur évacuation ! Les propositions reflètent encore une réalité surprenante, que nous avions remarquée (et sentie ! )


  1. Ramassées par un homme qui les transporte dans une cariole à main jusqu’à une décharge à ciel ouvert

  2. Brûlées dans sa cour, après que les déchets biodégradables aient été picorés par les poules

  3. Jetées dans espace prévu dans la rue où une personne du quartier s’occupe de faire brûler régulièrement. Cela sent très mauvais quand il y a du plastique, du caoutchouc …


Mais aucun questionnement sur le tri, le recyclage …. Alors que cela commence à émerger dans la réalité :

· Il existe un impôt spécial ordure mais il est peu payé donc la ville n’a pas les moyens de développer sa politique de gestions des déchets.

· Des personnes récupèrent le métal pour le revendre…

· D’autres récupèrent les bouteilles en plastique pour « emballer » et vendre leur jus, glaçons, yaourts, cacahuètes …

· Une association « moi je trie » fait une sensibilisation dans les écoles pour récupérer les papiers plastique et métal…


Une fois l'enquête menée, la porte de notre logement est marquée! Nous avons vu "fleurir" ces stigmates dans tout le Togo. Emue d’apparaître dans les chiffres du Togo (où nous avons été si bien accueillis et où nous nous sentons si bien), j’ai réalisé que ce questionnaire large m’a permis de mettre des mots sur une réalité que nous côtoyons voire même de comprendre un peu plus ce pays et ces habitants.



 
 
 

2 comentários


anne-marie941
22 de jan. de 2023

Déjà 5 mois ! Vous vous êtes fameusement bien adaptés à votre nouvelle vie Amitiés à vous tous Anne-Marie Verkaeren

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jctpub
22 de jan. de 2023

Merci beaucoup Sophie, cela nous permet de nous approcher de votre quotidien et de celui des Togolais. Merci !

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