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Qu’est-ce que ce fameux « moringa » ?

  • Xavier
  • 3 sept. 2022
  • 4 min de lecture

Dernière mise à jour : 23 mars 2023


Depuis quelques mois, je me documente sur le moringa, mais je ne savais pas encore le reconnaitre, et mes connaissances étaient encore très théoriques. Cette semaine, je suis parti en mission 3 jours dans la région de Kpalimé, pour aller à la rencontre des populations impliquées dans la filière de Moringa.




J’ai visité 2 écoles qui bénéficient désormais de repas préparés sur place, par des « mamans cantine » avec des recettes enrichies au Moringa.


Les mamans cantine sont 26 mamans d’élèves qui s’investissent bénévolement à préparer chaque midi des repas pour les 360 élèves sur les 2 écoles. Elles ont élaboré des recettes à base de produits locaux (pate, haricots, maïs, spaghettis) qu’elles préparent avec une sauce dans laquelle elles ajoutent 5g de poudre de Moringa par élève. Au-delà des recettes, elles ont aménagé un coin cuisine pour préparer les plats sur feu de bois, et une zone couverte pour distribuer les repas.



Ces repas sont rendus possible par un triple financement : des mécènes français (65%), par les acheteurs occidentaux de moringa via le commerce équitable (20%), et les parents d’élève (15%). Cette initiative, portée par Kinomé a permis de servir 380 000 repas aux enfants depuis 5 ans.

- Pour les mamans, l’apport est évident : joie de vivre et dynamisme des enfants, présentéisme (les enfants qui rentraient retrouver leur parents le midi au champ, ne revenaient parfois pas l’après-midi lorsque leurs parents étaient loin), capacité d’attention. Les mamans cantine commencent d’ailleurs à incorporer du moringa dans leurs recettes de cuisine personnelles.

- Un nutritionniste suit également l’évolution des enfants depuis le début de l’expérimentation. Il analyse chaque trimestre l’état général des enfants, mesure leur poids, et leur taille. L’amélioration de la santé des enfants est très nette, et leur rapport poids/taille en progrès significatif.

- Les parents sont plus disponibles à leur travail car ils n’ont plus à se préoccuper de leurs enfants le midi, relève également le chef du village. Le « programme cantine » tel qu’il est appelé ici, apporte ainsi de l’amélioration dans la vie des villageois.






L’écoute du besoin réel des populations a permis de prioriser la création d’un forage pour fournir un accès à une eau de qualité dans l’école d’Amavenou, et des toilettes pour ces écoles qui manquent de tout. Sans cela, toute amélioration de l’alimentation aurait été vaine. Par ailleurs, la pratique de lavage des mains a été mise en place.










Je me suis alors rendu à la coopérative PROSCOMO pour comprendre d’où vient cette poudre «miracle». Kinomé accompagne ce groupement de 16 producteurs, qui cultivent du maïs, de la banane, du soja, … et depuis quelques années du moringa. Ils consommaient tous déjà le moringa à titre personnel, pour ses bienfaits médicinaux. Ils avaient déjà quelques pieds dans leur jardin. Puis ils se sont formés, et ont planté de petites parcelles totalisant 1,65ha. Ils ont mis en commun les moyens de transformation des feuilles fraiches en poudre séchée, pour permettre la conservation et la diffusion du moringa (les feuilles fraiches doivent être consommées dans la journée). Ils obtiennent aujourd’hui une qualité particulièrement élevée, par des pratiques agricoles respectueuses de la nature, la maîtrise du procédé de transformation et par la mise en place des pratiques HACCP (Hazard Analysis Critical Control Point). Ils sont désormais certifiés bio et commerce équitable. Cette qualité a retenu l’attention d’un un client exigeant basé aux USA qui finance dans son prix d’achat, une partie des repas dans les cantines.



Originaire d’Inde, le Moringa Oleifera est un arbre non invasif qui pousse rapidement, résiste aux sécheresses. Il s’est répandu depuis des siècles dans toutes les régions subtropicales du monde. La consommation du moringa aide à améliorer rapidement le statut nutritionnel et notamment celui des enfants. En effet, les feuilles de moringa sont riches en protéines, fer, calcium et vitamines (A et C).




Installation de séchage

Les enjeux pour la coopérative sont désormais d’améliorer l’installation de séchage, de manière à pouvoir transformer des feuilles tous les jours de l’année, y compris lorsque l’ensoleillement est faible. Cette coopérative (qui n’a pas accès à l’électricité) qui a pour seule source de chaleur le soleil, va compléter par la combustion de déchets de bois, abondants à proximité.



Ils vont également diversifier les débouchés en commercialisant des feuilles séchées et des feuilles fraiches en plus de la poudre. En combinant ces 2 actions, ils valoriseront au mieux les 1,65ha de plantation déjà en place, et pourront alors accroitre la surface cultivée.


Au travers de ces 5 années, Kinomé a expérimenté et mis au point avec les communautés locales une filière complète qui va du champ jusqu’à l’assiette de l’écolier. Le bilan est extrêmement positif :

  • Amélioration de la santé des enfants, plus attentifs en classe, plus assidus.

  • Amélioration de l’environnement : Renforcement de la couverture végétale, et diffusion des bonnes pratiques agricoles.

  • Amélioration du niveau de vie : par l’ancrage d’une filière locale, rémunérant correctement les parties prenantes.


Ce qui est encore plus important, c’est que le changement est avant tout humain. Les nouvelles connaissances que ce soit sur le plan agricole, de la nutrition, ou de l’hygiène pour la préparation des repas, développent chacun des hommes, des femmes de la filière. Le projet a augmenté le capital humain des populations locales. C’est précisément ce qui rend les progrès durables.


La mission qui m’a été confiée est désormais une évidence : passer d’une expérimentation à un déploiement permettant l’amélioration de la vie d’un nombre plus élevé de personnes. Nous souhaitons faire bénéficier de ce programme les enfants de 25 écoles, et passer à 1000 sous 3 ans.



Ce déplacement dans la région des plateaux a également été pour moi l’occasion de découvrir que :



Qu’il faut 3h pour parcourir les 120km entre Lomé et Kpalimé, car la route est parfois comme cela !









Que le Cacao s’extrait de cabosses qui poussent dans les arbres









Que le fufu (plat à base d'igname, ici avec une viande de chèvre en sauce) se mange avec les mains, en trempant la pate dans la sauce. C'est très bon !




 
 
 

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