"Papillon vole, vole, vole"
- Pétronille et Sophie
- 4 mars 2023
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 23 mars 2023
A notre tour, nous prenons le temps de relire cette première moitié de mission … à la Pouponnière.
Quelques chiffres de ces 6 mois pour démarrer et vous permettre de sentir la vitalité de la pouponnière :
· 5 adoptions (2 enfants sont partis au Togo, 3 enfants à l’international)
· 2 retours en famille (grâce à des recherches qui ont abouti)
· 1 retour programmé puis retardé voire annulé : les sœurs ont suspendu le retour de l’enfant dans sa famille, pour le bien-être de l’enfant (elles avaient peur que l’enfant soit laissé pour compte)
· 1 départ pour une opération cardiaque en Europe
· 7 admissions dont des jumeaux, et un grand de 3 ans qui est finalement reparti dans sa famille.
· Embauche d’une nouvelle « tata » et de 2 sœurs de St François

Nous empruntons régulièrement des jouets dans le bureau de l’éducatrice et proposons d’accompagner les petits dans la découverte de jeux : encastrements, tour de cubes … les tatas regardent et sont contentes de nous confier l’un ou l’autre pour que nous l’occupions avec ce matériel auquel elles n’ont pas accès. Ce sont des moments assez sportifs car évidemment tous veulent avoir le jeu pour eux … et l’utiliser comme ils veulent ! mais, passé le premier temps d’excitation devant la nouveauté, les enfants apprennent les nouvelles consignes, acceptent de partager …
Les moments de jeux symboliques sont aussi plus variés à l’initiative des tatas : voyage, échange téléphonique, cuisine …
Nous rencontrons régulièrement la directrice. L’une des premières fois, nous avions été recadrées sur notre apport de matériel de récupération, inimaginable pour la Pouponnière (cf post du 12 Nov). Mais nous avions pu défendre notre idée, expliquer les raisons et l’utilité de ce matériel …

et SURPRISE ! Des bouteilles en plastique sont apparues dans le bac à sable quelques temps après !
Nous avons montré aux tatas différentes utilisations. Quelle joie aujourd’hui de les voir demander des nouvelles bouteilles, de taille différentes… et de les admirer jouer avec les enfants, transvaser, remplir secouer, fermer, …

Assez rapidement, lors de ces rencontres, nous l’avions interpelée sur l’impossibilité pour nous de quitter le groupe pour organiser des temps de prise en charge individuelle. Fin décembre, elle nous a redit combien il lui semblait important que nous nous ayons ces temps individuels et que nous devions prévenir les tatas pour qu’elles s’organisent en conséquence.

L’augmentation du nombre d’adultes sur les groupes nous permet aujourd’hui de nous libérer pour privilégier un temps avec l’un ou l’autre des enfants
Nous vous avions partagé combien les moments de repas sont impressionnants. Chaque enfant a son repas dans une assiette (ou biberon pour les moins de 3 mois) et est nourri à la cuiller.

Le repas doit être vite avalé (peu ou pas de morceau dans la cuisine togolaise !) , et les cuillers enfournées sont donc très souvent débordantes … Cela nous renvoie plus à
une impression de gavage que de moment convivial et de plaisir. Sophie a repéré quelques enfants ayant des troubles de l’oralité dans le groupe des bébés II, et a entamé une prise en charge des petits au sein du groupe, tout en essayant de sensibiliser les tatas à la posture de l’enfant, au rythme de remplissage de la bouche … et à la verbalisation du contenu de l’assiette.
Et (en lien avec son travail sur l’alimentation chez les Bébés II ?) en janvier, les tatas du groupe des grands ont interpellé Sophie quant à des gros soucis d’alimentation pour les deux enfants polyhandicapés. Elles ont mis 5 mois à en parler, ayant certainement un peu honte de ces repas.
Pour l’un, l’alimentation à la cuiller est impossible car le jeune serre ses mâchoires très fort sur la cuiller et les tatas ne peuvent plus l’ôter de sa bouche sans risquer de le blesser. Pour le nourrir, elles utilisent une alimentation liquide qu’elles versent dans leur main positionnée devant la bouche du jeune, qui lape son repas.
L’autre est gavé : la bouche (tête en arrière) est remplie jusqu’à déclencher un réflexe de déglutition… En parlant avec les tatas, j’ai appris que ces postures sont issues de longues
réflexions et plusieurs essais de solution car il faut manger pour vivre et les fausses routes sont très impressionnantes

J’ai été très touchée de cette interpellation même si je me sens bien démunie. J’y ai vu un signe de confiance pas tant dans ma capacité à changer les choses qu’à écouter sans juger. Ces deux jeunes bénéficient depuis d’une prise en charge individuelle avec moi. Et j’espère pouvoir entamer une réflexion pour apporter mon regard à leur savoir faire et permettre à ces 2 jeunes d’avoir des repas plus confortables.
Pétronille prend aussi un temps privilégié avec les enfants pour quelques prises en charge, et alterne avec des moments en groupe. Comme évoqué lors du premier post, il manque du matériel pour développer leur motricité sans risque : sauter, grimper, escalader...

Grâce à la confiance construite, nous avons proposé à la directrice de collecter des fonds pour acheter des jeux psychomoteurs. Et nous avons eu un accord enthousiaste. Nous avons donc saisi l’opportunité du carême pour proposer une collecte avec les enfants du caté de notre paroisse. Cela servira à l’achat de structure modulable et de trotteurs. Vivement Pâques 😉
Plus le temps passe et mieux nous sommes intégrées… Pétronille est devenue « Ma fille » pour toutes les tatas, appellation qui montre le lien très fort créé avec elle. Nous faisons partie de leur famille ! L’absence de l’une de nous deux est sujet d’inquiétude…
Nous voyons avec plaisir nos suggestions investies tant par les enfants que les tatas. Et nous sommes grandies par leur courage, leur force pour affronter les difficultés de la vie, et leur générosité .
Certaines pensent déjà à notre retour, avec une certaine tristesse et espoir de se revoir ici ou en France…
Merci Sophie et Pétronille pour ce partage. Quel chemin parcouru ! Quelle confiance reçue ! Nous sommes très impressionnés par toutes ces évolutions apportées par petites touches, et qui permettent à chacun de se les approprier. BRAVO ! Et profitez des mois restants pour poursuivre : cela marche !!!
5 adoptions dont 2 au Togo et 3 à l'international.....je ne comprends pas très bien....ce sont 5 enfants qui étaient sans famille ? 2 adoptés au Togo.... c'est leur pays...mais les 3 autres partiront pour être adoptés à l'international quittant leur seul lieu de vie connu à ce jour. Quel âge ont-ils ?
Sinon, à part cette adoption, Pétronille et Joséphine il me semble que vous ayiez fait un énorme travail d'organisation sans aucune formation au préalable depuis 7 mois.
Félicitations. Vous n'avez pas perdu votre sang froid et avez procéder à un ordre très précis des urgences : instruction scolaire, santé,nutritions, psychomotricité, milieu familial etc....