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Madagascar : Mission moringa !

  • Xavier
  • 11 juin 2023
  • 5 min de lecture

Je me suis rendu en mission à Madagascar rencontrer les acteurs de la filière moringa et de la nutrition. Si Kinomé a initié ses recherches sur le moringa au Togo il y a 10 ans, l’entreprise appuie également le démarrage de cette filière à Madagascar depuis 3 ans.


Ce qui m’a frappé, dès la sortie de l’avion, c’est la pauvreté. Plusieurs personnes se sont précipitées pour porter mon bagage jusqu’au taxi, dans l’espoir d’un peu d’argent. Je retrouve cette misère dans la rue où à chaque feu, des enfants le plus souvent, me regardent avec des yeux implorants pour que je leur donne de quoi se nourrir.


Je suis transporté des années en arrière : Avec une certaine nostalgie en retrouvant des voitures de ma petite enfance (4L, R18, …) étonné de découvrir que le taxi est exclusivement le pousse-pousse dans certains endroits, ou encore ahuri de trouver des zébus attelés pour transporter les marchandises en ville ou sur route !




Même si la population au Togo n’est pas riche, les Malgaches le sont encore moins. Le plus révoltant est la conséquence de cette pauvreté sur les enfants. En effet, la malnutrition chronique se transmet par le cycle infernal intergénérationnel : une femme de petite taille (causée par la malnutrition) est plus susceptible de donner naissance à un enfant de faible poids, celui-ci susceptible d’avoir un retard de croissance ayant des conséquences irréversibles (physiques et mentales) devenant lui aussi un adulte pauvre de petite taille. Ainsi le cycle continue. Un enfant né à Madagascar n’atteindra à l’âge adulte que 37% de son plein potentiel (43% au Togo et 76% en France selon le Banque Mondiale). Les causes profondes de cette spirale infernale sont : la malnutrition, le manque de soin, le travail des enfants, la prostitution, …


De Tananarive (la capitale de Madagascar), je me suis rendu sur la côte ouest, à Tuléar. J’ai été saisi par le contraste entre cette misère, cette horreur parfois, et les paysages somptueux de cette île. Magnifiques Baobabs, plages sublimes, couleurs chaudes … attirant des touristes pour le meilleur (emploi, développement économique) et aussi le pire (tourisme sexuel).





Briser cette spirale infernale : c’est ce que font des personnes incroyables au quotidien.

J’ai rencontré Mamy, un Malgache d’une quarantaine d’année qui a investi ses économies dans une ferme de 400 ha, où il développe la production de moringa, stevia, menthe, verveine, … employant déjà plus de 50 personnes, et achetant de la matière première à plus de 500 agriculteurs des environs. Parti d’une friche, il a irrigué 25% de la surface en « goutte à goutte », monté 2 usines de transformation (dont 1 de moringa), et poursuit le développement de son activité. Eloignée de tout village, la ferme offre des conditions de vie sommaires : l’équipe d’encadrement loge sur place, le plus souvent avec sa famille dans une pièce unique. Douche et toilettes extérieures, cuisine spartiate… Mamy développe l’emploi, génère de l’activité économique, de l’exportation, et est capable de fournir du moringa pour améliorer la nutrition de 20 000 enfants.



Usine de transformation des feuilles en poudre


Chargement du four de séchage des feuilles

la douche collective

le coin cuisine



J’ai ensuite rencontré Emilie, chargée de nutrition à l’ONG Bel Avenir. Elle m’a emmené dans les lieux d’accueil créés par cette ONG depuis 20 ans.

- L’école des Salines qui accueille 1 500 enfants d’un quartier particulièrement pauvre. Sans cette intervention, ces enfants étaient condamnés à faire comme leurs prédécesseurs : aller travailler dès qu’ils en avaient la force à la saline du quartier au lieu d’aller à l’école !


Ecole des Salines : Distribution du complément de moringa

Quartier des salines

- L’école des Saphirs, qui de la même manière offre une éducation à 700 enfants plutôt que d’aller travailler à la mine.

- L’école des femmes qui accueille une quarantaine de mamans adolescentes, pour leur apprendre une activité manuelle, leur fournir une instruction. L'objectif est de les rendre autonome comme maman, et leur permettre de subvenir à leur besoins par leur activité.



- Deux CNUT (Centre de Nutrition) qui sont des cantines installées dans des quartiers défavorisés, pour accueillir des enfants scolarisés aux alentours.







- Et ce nouveau centre, qui accueille une trentaine d’adolescentes (dès 10 ans) pour les aider à sortir de la prostitution par l’éducation.






Dans chacune de ces structures, l’ONG cuisine un repas sur place, enrichit chaque assiette avec de la poudre de moringa. En février 2023, au moment du passage du cyclone qui a inondé une grande partie des habitations et qui a obligé les élèves et leurs familles à se déplacer, l’ONG a maintenu les cantines ouvertes (les activités scolaires étaient interrompues) afin que les enfants aient au moins un repas dans la journée.

Jeanne, sans formation dans la nutrition (ni grande formation d’ailleurs, mais le cœur sur la main), connait chaque enfant par son nom, par son histoire personnelle, suit individuellement son évolution, en particulier par une mesure trimestrielle de leur poids et taille.


J’ai aussi rencontré Lucie, jeune française de 35 ans qui a intégré le PAM (Programme Alimentaire Mondial de l’ONU) pour « changer » les choses. En charge des activités nutrition elle m’a partagé les programmes et opérations du PAM à Madagascar. Elle a accueilli les initiatives de Kinomé avec enthousiasme. Si une grosse structure comme le PAM ne peut pas directement appuyer les projets de Kinomé, elle m’a donné des conseils et 6 nouveaux contacts d’institutions internationales ou locales pouvant nous aider.


Enfin, j’ai rencontré Xavier, « directeur pays » d’Action Contre la Faim (ACF), Britney de l’Office National de la Nutrition (NOO), ou encore Holy chargée de nutrition à la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’Agriculture), tous convaincus du potentiel moringa, comme moyen d’action complémentaire aux dispositifs existants de réduction de la malnutrition.




Cette mission était prévue depuis mon arrivée chez Kinomé. Le Togo est plus avancé sur les bonnes pratiques qualité, et la recherche scientifique des effets du moringa sur les enfants, alors que Madagascar l'est sur l’industrialisation, et les volumes de production. Il est intéressant de partager, et mutualiser les pratiques et les savoirs pour accélérer le développement des filières locales, et la diffusion auprès des enfants. J’ai pu vérifier que la qualité des mesures poids/taille pratiquée par les équipes de Bel Avenir, sont valorisables dans une étude et une nouvelle publication dans une revue scientifique. J’ai pu partager des leviers de progrès qualité avec les équipes de Mamy, et construire avec eux les actions à mettre en œuvre. Enfin, mes interlocuteurs institutionnels m’ont confié une moisson de nouveaux contacts pour Kinomé (une trentaine 😊), afin d’aider les producteurs locaux à diffuser plus largement le moringa en milieu scolaire.


Très bien accueilli par Yohann, Tahina, et Stan (équipes locales de Kinomé) qui m’ont accompagné et guidé au quotidien, je rentre plein d’étoiles dans les yeux, heureux d’avoir rencontré toutes ces belles personnes qui œuvrent chaque jour à améliorer la vie des êtres humains.




 
 
 

2 commenti


Chantal Trapon
Chantal Trapon
11 giu 2023

Merci Xavier de nous permettre d'approcher ces réalités autour du besoin essentielle de se nourrir... Comme tu le dis, que de belles personnes rencontrées qui se battent tous les jours avec conviction. Des leçons à prendre ! Bonne nouvelle semaine à toute la famille. Chantal

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jctpub
11 giu 2023

Merci Xavier. La découverte de la Grande Île, de ses habitants, de la misère… et des volontaires pour faire avancer des projets incroyables !

Merci pour ton partage qui vient nous secouer dans notre quotidien.

Ces nouveaux contacts sont autant d’étoiles pour Kinomé. À vous de jouer !

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