Ganvié ou la Venise d'Afrique
- Eugénie
- 17 juil. 2023
- 4 min de lecture
Ganvié est un village au Bénin construit sur l’eau au XVIIe siècle. En effet, les populations fuyaient les razzias esclavagistes et sont venus s’installer sur ce marécage. La légende raconte que dans leur fuite, ils ont aperçu une petite île au milieu du marécage, un abris idéeal. Et pour l’atteindre, comme ils ne pouvaient pas marcher dans l’eau, un crocodile a servi de passerelle et tout le monde a marché sur son dos. D’où le nom de Ganvié qui veut dire « collectivité sauvée ».

Aujourd’hui, ce village est divisé en deux arrondissements de 35 000 habitants. Les habitations sont des maisons construites en bois et en matériaux végétaux avec des pilotis assez haut permettant de résister à la saison des pluies et donc à la montée des eaux. L’activité principale des habitants est la pêche.
Je vous propose une petite balade en pirogue (et non en gondole) pour visiter la Venise d’Afrique. A vous de choisir ce que vous préférez :
- Pirogue à moteur
- Pirogue traditionnelle avec une perche ou pagaie
- Pirogue à voile
En partant de Calavis, du petit embarcadère ou du marché aux poissons où les habitants de Ganvié viennent vendre, il y a 8 km avant d’atteindre les première maisons sur pilotis. Pendant ces 8km, vous pouvez admirer les différentes techniques de pêches utilisées :

- Pêche à la nasse : ils créent des petits bassins et à certains endroits, ils fixent des nasses pour coincer les poissons,
- Pêche à partir des akadja : de grandes étendues d’eau fermées par des branchages pour créer un habitat pour les poissons. Au bout de 2 ans, ils mettent un filet tout autour et réduisent peu à peu la surface pour ainsi récupérer les poissons.

- La pêche à l’épervier : des pêcheurs sur leur pirogues lancent encore et encore leur filet conique lesté .
- La pêche au « piège » : les pécheurs tendent un filet qui obligent les poissons à le longer mais à chaque bout, les pêcheurs ont mis un piège (nasse , tourbillon en filet … )
Tout au long de ses 8km, on peut aussi admirer les femmes qui font des kilomètres tous les jours à la rame pour aller chercher les poissons pêchés par les hommes au milieu du lac et les amener au marché au poisson à Calavis. Les femmes peuvent avoir entre 1h et 1h30 de rame pour vendre les poissons. Elles ont toute mon admiration !
Je vous propose un petit arrêt dans une maison artisanale où des femmes font des paniers, bijoux, sac et autre jolies choses à partir de jacinthes d’eau séchées. C’est un travail très minutieux.


De retour sur la pirogue, nous entrons dans Ganvié et commençons à ressentir l’agitation autour de nous : il y a des pirogues dans tous les sens, les mamans sur leur pirogues qui crient pour expliquer ce qu’elles vendent (comme à Lomé chaque cri a une signification). Nous sommes sur la « place » du village, où se tient le marché flottant dit de l’aube. Nous pouvons trouver des vendeuses de poissons, de fruits, de légumes, de pagnes mais aussi des mamans qui cuisinent sur leur pirogue (avec un feu comme on voit à Lomé).
Contrairement à Venise, il existe très peu d’espace pour marcher. La mairie a décidé de créer des bancs de sable pour créer des places, terrain de jeux entre les maisons et ainsi permettre aux habitants et notamment aux enfants de marcher, se retrouver.
Il faut savoir qu’en saison pluvieuse (de septembre à décembre) la hauteur d’eau du lac augmente considérablement ce qui inonde ces bans de sables et de nombreux endroits de Ganvié. Quelques passerelles ont été créées, ainsi les élèves peuvent aller à l’école sans marcher dans la cour inondée.
Nous voilà maintenant devant l’hôpital de Ganvié et devant la pirogue ambulance !

Plus loin, nous nous arrêtons le long de la berge sur un sol sableux afin de regarder un chantier naval (de pirogue !) qui fait soit de la construction ou de la réparation. Il en existe plusieurs dans Ganvié. Tout est artisanal. Le travail nécessaire pour créer une pirogue est impressionnant. Si vous le souhaitez, après avoir admiré le travail des artisans de pirogues, vous pouvez jouer avec les enfants au babyfoot !
Les maisons sur pilotis, tout comme les pirogues ne sont pas éternelles, il faut changer tous les 7 ans environ les pilotis qui pourrissent, sous peine de voir votre maison s’effondrer…
Vous vous demandez comment les habitants ont accès à l’eau potable ? Et bien, nous allons voir le lieu de distribution de l’eau.

Dans une petit cabane, une moto-pompe s’allume et une grosse quantité d’eau sort d’un tuyau, c’est de l’eau potable. Le responsable n’allume la motopompe que lorsqu’il y a assez de pirogue avec des bidons, seaux à remplir. Chaque habitant donne une petite pièce en échange d’un remplissage (pas très précis) de ses gros récipients. Cet argent permet de faire des réparations rapidement si la pompe tombe en panne. Cette eau est précieuse car c’est la seule qu’ils utilisent. L’eau du lac est saumâtre (mélange d’eau douce et d’eau de mer), ils ne s’en servent pas au quotidien.
Pour ce qui est de l’électricité, au cours de notre visite, vous avez peut-être remarqué quelques maisons avec un panneau indiquant la possibilité de recharger son téléphone. Ces boutiques permettent à tous d’avoir accès à l’électricité. Certains habitants qui ont les moyens peuvent installer un groupe électrogène, ou des panneaux solaires afin de subvenir à leurs besoins. Des travaux pour apporter l’électricité des villes voisines sont en cours dans certains endroits. Sinon la majorité des maisons n’ont pas d’électricité et s’éclaire avec des lampes à pétrole.
Vous l’avez compris, la pirogue est le seul moyen de locomotion pour tous les habitants du village. Chaque famille a donc au moins 3 pirogues pour que le papa puisse aller à la pêche, la maman puisse vendre au marché sur la terre à Calavis ou dans les « rues » de Ganvié et que les enfants puissent aller à l’école, aider à vendre ou aller s’amuser avec les copains. Il n’est pas rare de voir des pirogues avec un enfants de 5 ou 6 ans qui rame seul.

Ganvié mérite bien son surnom de Venise d’Afrique. Venise pour la beauté des maisons typiques, ses rues en eau, ses inondations en saison pluvieuse, sa vie maritime en pirogue.

J’espère que cette visite vous aura plu, n’hésitez pas à venir voir ce beau village de vos propres yeux ! Avec un peu de chance, vous verrez une pirogue qui porte votre nom !

Merci Eugénie de partager cette belle découverte. Cela donne envie d’en savoir plus !