top of page
Rechercher

Chez les tatas

Dernière mise à jour : 23 mars 2023

Le matin du 24 décembre, nous continuons notre exploration de la Kara (une des 5 régions du Togo) où nous avons posé nos valises pour les congés de Noël.

Au fur et à mesure que nous avançons le long d'une longue piste en terre, entourée de brousse, nous voyons surgir différentes maisons en terre : le village des Tatas tamberma.


La vallée des Tamberma est constituée de maisons uniques en leur genre, les murs sont construits en argile et en paille. Elles furent créées par un peuple Batammariba qui veut dire « bon maçon ». Au XVII ème siècle, ce peuple vaudou a fui le Burkina pour aller s’installer au Bénin et au Togo. On estime qu’ils sont 20 000 aujourd'hui au Togo repartis sur 50 000 hectares dans cette vallée.

Ces maisons sont originellement conçues pour des guerriers, pour se défendre contre les invasions. Sur chaque maison, nous pouvons voir des orifices pour que l'homme puisse surveiller ce qui se passe au dehors et tirer des flèches si besoin. Au sein même de la construction différents passages existent pour piéger celui qui voudrait entrer dans la maison.


Je vous emmène avec moi au creux de cette vallée pour retracer notre visite.

Devant chaque maison se trouve des fétiches qui assurent la protection de la famille et de la tata. De nombreux sacrifices leur sont offerts.


La maison comporte 2 étages. En rez-de-chaussée, tout de suite en entrant, nous trouvons la meule à grain et juste en dessous le poulailler pour ne gâcher aucune des graines qui pourraient tomber. Puis, en avançant un peu, nous arrivons dans la pièce pour les animaux : bœufs et chèvres et où vit aussi le chef de la maison pour protéger les siens. Pour aller à l'étage, il faut passer par la cuisine à mi-niveau composé d’un petit feu. Si nous sortons de la cuisine en montant, nous arrivons sur une grande terrasse où se trouvent les chambres normalement présentes au nombre de 3 et les 2 greniers à grain. Certains constructeurs font le choix de créer plus ou moins de chambres.

Joséphine rentrant dans la chambre

Je parle de chambre mais il ne faut pas s’attendre à des palaces. Pour rentrer dans la chambre, il faut se glisser à travers la toute petite porte. A l’intérieur, les enfants dorment en étant assez nombreux dans un espace pas très grand.




Les greniers sont séparés en trois compartiments pour disposer les différentes graines. On accède au grenier par le haut. En effet, chaque grenier à un petit "chapeau en paille" et on y monte grâce à une échelle en bois sculptées en Y pour qu’elle puisse tenir sur le toit du grenier.






Nous marchons dans le hameau, entre les différentes maisons, et voyons des graines de mil sécher avant de nous rendre à la "maison baobab"(premier endroit où ils ont habités avant de construire les maisons tata). Là encore, différents fétiches sont présents devant la porte. C’est un baobab entièrement creux avec une petite fente en bas pour rentrer. Quand la famille était dans la maison, une pierre était mise devant l’entrée. Si les habitants voulaient sortir, le père escaladait l’arbre par l’intérieur pour atteindre un trou naturel en hauteur lui permettant de voir à l'horizon et vérifier qu'aucun danger n'approche. Ensuite il redescendait à l’extérieur de l’arbre pour ouvrir la « porte ». Le baobab est certes imposant par la taille mais difficile d’imaginer une famille vivre dans ce tronc d’arbre. C'est certainement la raison pour laquelle ils ont ensuite construit les maisons tatas.





Un peu plus loin dans la vallée, notre guide nous a permis de nous tester au tir à l'arc. C'est un peuple chasseur. Un des hommes du village nous a expliqué comment bien tirer et était très fier dès que nous y arrivions, sinon il ne perdait pas espoir et nous donnait une deuxième flèche.

Dans ce même village, nous avons rencontré une tisserande. La guide nous a expliqué que petite, elle avait dû subir différentes scarifications sur le buste, car cela représentait les codes de la beauté à ce moment-là. Le plus impressionnant c’était le trou dans sa lèvre du bas dans lequel elle avait mis un caillou avec lequel elle jouait en le faisant rentrer et sortir de sa bouche (pas de photo, c'était impressionnant, le caillou fait la taille de deux phalanges de l'auriculaire! )


Dans cette vallée, ils sont aussi tous agriculteurs/éleveurs, les habitants sont donc regroupés en hameaux, c'est-à-dire 4 ou 5 tatas, entourés de champs.


Nous avons repris la piste en voiture, puis des petits chemins entre champs et hameaux pour nous rendre chez la potière. Quand nous sommes arrivés, elle était dans un hameau voisin. Quelqu'un est alors parti la chercher. En l’attendant, nous avons été invités à nous installer sur la place du village et avons goûté un breuvage très nutritif. Une fois revenue, elle nous a montré comment elle travaillait et ses différentes productions.


Notre visite s’achève ici, j’espère qu’elle vous aura plu autant que nous, et qui sait peut-être viendrez vous dans cette vallée pour visiter leurs maisons, rencontrer les différents habitants et admirer les belles couleurs des maisons entre savane et forêt.



 
 
 

1 Comment


jctpub
Jan 07, 2023

Merci Eugénie pour ce partage de la belle région de la Kara. Quel voyage !

Like
bottom of page