1er MAI(S) au travail !
- Les Travailleurs
- 6 mai 2023
- 5 min de lecture
Quasiment 9 mois de présence au Togo et nous sommes encore dans un temps de découverte !
Si nous vous disons premier mai, nous français pensons : jour férié, pont en perspective, grass’mat’ … et bien sûr fête du travail … alors que pour les togolais, 1er mai = fête des travailleurs donc les travailleurs se retrouvent au travail « pour fêter ».
3 de nos lieux de mission nous proposent de nous associer à cette journée, nous vous proposons de nous suivre dans Lomé.
Premier arrêt à Notre Dame de Apôtres avec Joséphine :

En ce lundi du premier mai, les élèves ne viennent pas en cours, mais les professeurs et tous les membres du personnel de l’école se retrouvent pour festoyer.
Pour commencer, le rendez-vous est à 7h pour l’équipe de cuisine (nous sommes entre 10 et 15) et nous passons la matinée à préparer notre repas de fête.
Les femmes étions dans un premier temps sur le lavage, épluchage et découpage des légumes tandis que les hommes faisaient cuir le tout sur des feux de bois ou de charbon.

Au menu : une salade composée en entrée, djekumé (pâte à base de farine et de sauce tomate, on n’y pense pas mais sa préparation est physique !) accompagnée d’une cuisse de poulet grillée en plat n°1, couscous en plat n°2, et pour ceux qui ont encore faim il y a akumé (pâte à base de farine de maïs) en plat n°3. Ensuite lorsque tout est prêt est terminé, nous nous retrouvons autour d’une grande table à l’ombre pour déjeuner… avec la musique à fond ! L’ambiance est à son comble, les profs sont heureux et détendus, nous passons en très bon moment.
Certains collègues me font part de leur espoir que le 2 mai soit férié (pour se remettre de la fête) … mais les espoirs sont déçus, les cours ont bien repris le mardi.
En rentrant, j’ai longé la plage et j’ai compris à quel point cette fête était importante au Togo : c’était noir de monde, les bars étaient plein, la route qui longe la plage et celles alentours étaient embouteillées, les trottoirs débordaient … Quel plaisir de voir que nous fêtons différemment ce jour de la fête des travailleurs!
Deuxième arrêt à la Pouponnière Ste Claire avec Pétronille et Sophie

En ce 1er mai, les enfants sont évidemment présents à
la pouponnière … mais ce jour est jour de fête,
même pour eux ! Depuis plus d’un mois, les mamans

le préparent sur leur temps de pause. Chaque membre du personnel et chaque invité a reçu un tricot (comprenez polo) à l’effigie de ce jour . La fête
commence par une messe où tous les enfants sont présents. Imaginez 50 enfants de moins de 3ans, assis ou allongés sur des nattes …


Pour l’occasion ils étaient tous apprêtés, petits et grands dans des robes de princesses blanches et chaussures à paillettes blanches pour les filles et pour les garçons pantalon jaune et chemise blanche. Qu’ils sont beaux !!
La Messe à laquelle assistent les sœurs de la communauté, des bienfaiteurs et la fanfare de la paroisse
voisine, est célébrée à 8h par un prêtre voisin (qui a déjà célébré une messe dans sa paroisse avant de venir à la Pouponnière). Nous célébrons St Joseph artisan, en chantant avec les mamans qui ont constitué une chorale pour l’occasion. A la fin de la messe, le prêtre bénit les travailleurs, et leurs outils ( couches, ballon, ustensiles de cuisine, et de ménage) Vous pourriez me dire normal chez des religieuses de commencer la journée de fête par une messe, et je vous répondrais que les mamans du marché nous ont dit commencer cette journée par la messe avant de venir au marché fêter … et dans la paroisse où nous étions dimanche, une messe pour le 1er mai avec bénédiction des outils était annoncée à 5h45 😉) mais revenons à la Pouponnière … après cette messe joyeuse, un temps d’action de grâce et de chants autour de l’autel permet aux enfants, aux mamans et aux sœurs de laisser leur joie s’exprimer !

Puis, les enfants rentrent dans leur groupe, déjeunent et partent à la sieste … pendant ce temps, les mamans « en repos » ou congés et les sœurs préparent un déjeuner.

A 12H, chacun est invité à se diriger vers le jardin des sœurs où ont été dressés 3 barnums et à trouver un siège (en plastique).
Une fois de plus l’adage : « qui dit fête dit sono et DJ » se confirme !!!
Après une petite prière, la sœur directrice fait un petit discours qu’elle conclue par vive le travail et vive les travailleurs (elle n’a pourtant rien d’Arlette Laguiller !!!)

Puis les mamans de la Pouponnière font un sketch qu’elles ont inventé et répété pendant leur sieste (comme c’était en ewé on a pas tout compris du premier coup) , et les sœurs nous montrent une chorégraphie qu’elles ont inventée pour l’occasion.

Ensuite, nous partageons un repas pantagruélique tout en dansant !

L’heure du réveil des enfants va sonner, chacune retourne à son poste, celles qui sont en congé prolongent un peu les festivités avant de ranger. Tout l’après-midi, j’entendrai des mamans nostalgiques de cette belle journée qui est déjà terminée, imaginant déjà les réjouissances de l’année prochaine ! Et surtout, les mamans nous remercieront encore et encore d'avoir honoré de notre présence cette journée !
3eme et dernier arrêt : Chez Eli, avec Xavier (et Philibert, Hombeline et Eugénie)
Xavier est invité avec tous les travailleurs de son équipe chez l’un des deux togolais de Kinomé.

Nous sommes arrivés à l’heure indiquée (11h) pour assister à la mise à mort et préparation du bouc.

C’est à l’heure Togolaise , une fois l’équipe arrivée (comprenez 12h30) que nous allons tuer le bouc pour le déjeuner ! Selon le nombre d’invités, le bétail passe de la poule au bouc ou encore au bœuf …

La matinée étant déjà bien entamée, voire la soirée (comprenez après-midi) nous partageons un plat de riz au gras ( riz avec une sauce tomate/arachide) pour patienter … car une fois le bouc tué, il faut lui brûler les poils et gratter la peau, puis Eli le dépèce avec une grande dextérité.

Catherine, sa femme va le faire cuire avec les légumes … puis pendant la cuisson de l’igname pour le « foufou », nous faisons un petit karaoké, et nous dansons …

Ensuite nous allons passer l’igname au foufoumix, puis le pillons , histoire de le parfaire, pendant que la sauce au bouc mijote … et vers 17h , nous passons à table et dégustons ce repas de fête que nous avons cuisiné.
Heureusement, Eli est un Togolais pas complètement "corrompu" : Comprenez que malgré 2 années passées en France, il n'est pas totalement occidentalisé. Attaché aux traditions, c'est un plaisir de découvrir la tradition du 1er mai à ses cotés.
A la fin de cette journée, fatigués mais heureux de ce moment partagé, comblés de cette joie simple d’être ensemble, nous osons penser « vive les travailleurs » et surtout vive le Togo !!
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